Jour de révélation, de contemplation, jour d’Espérance !
Dimanche dernier, nous avons accompagné Jésus, sortant de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse.
Lundi nous fêtions les apôtres Saint Simon et Saint Jude. L’Évangile nous parlait de Jésus descendant de la montagne avec les apôtres et s’arrêtant là où il y avait un grand nombre de ses disciples et une grande multitude de gens venus de toute la Judée, de Jérusalem, et du littoral de Tyr et de Sidon.
Aujourd’hui, en cette grande fête de la Toussaint, nous retrouvons ces foules alors que Jésus monte sur la montagne pour s’adresser à elles ; foules immenses, multitude que nul ne peut dénombrer. Une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues.
Nous célébrons donc un évènement qui ne concerne pas simplement quelques privilégiés, mais une multitude.
Cet événement, quel est-il ? :
« Bien-aimés,
voyez quel grand amour nous a donné le Père
pour que nous soyons appelés enfants de Dieu. »
Il est l’annonce d’un amour bienveillant qui est tourné vers nous, qui nous accompagne, qui nous appelle.
Le Pape François le dit ainsi dans les premiers mots de l’encyclique « Dilexit nos » qu’il vient de nous offrir.
« Il nous a aimés » dit saint Paul, en parlant du Christ (Rm 8, 37), nous faisant découvrir que rien « ne pourra nous séparer » (Rm 8, 39) de son amour. Il l’affirme avec certitude car le Christ l’a dit lui-même à ses disciples : « Je vous ai aimés » (Jn 15, 9.12). Il a dit aussi : « Je vous appelle amis » (Jn 15, 15). Son cœur ouvert nous précède et nous attend inconditionnellement, sans exiger de préalable pour nous aimer et nous offrir son amitié : « Il nous a aimés le premier » (1 Jn 4, 19). Grâce à Jésus, « nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous et nous y avons cru » (1 Jn 4, 16). (DN § 1)
Et cet événement n’est pas simplement un fait d’un moment, quand Jésus était au milieu des siens en Palestine. Il n’est pas non plus une annonce ou une promesse qui viendrait appeler notre Espérance.
Cet événement est à l’œuvre, et déjà il s’accomplit.
Le Père a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes.
Déjà il se réalise, et Jean, le voyant de l’Apocalypse nous le dévoile :
« Après cela, j’ai vu :et voici une foule immense,que nul ne pouvait dénombrer,une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues.Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau »
Ce qui explique leur présence devant le trône de l’Agneau c’est qu’il leur a été donné de participer, mystérieusement mais vraiment, au mystère pascal du Christ, d’être plongés dans sa mort et sa résurrection.
La violence, le mal, la souffrance, beaucoup la subissent mais ils sont aussi nombreux à vivre cette confrontation sous le signe du « Don », renversant ainsi la force de la violence et y manifestant la puissance d’un amour.
C’est ce que nous dit le Concile Vatican II (GS 22) : « (En effet), puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit-Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal. »
Les voilà ceux qui constituent cette foule immense.
« Ils viennent de la grande épreuve ;
ils ont lavé leurs robes,
ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau. »
Voilà donc ce que nous sommes invités à contempler aujourd’hui :
« dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu,
mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté.
Nous le savons : quand cela sera manifesté,
nous lui serons semblables. »
Voilà ce qu’accomplit l’Amour de Dieu, l’œuvre de cet amour en nous, en tout homme, en toute création.
Nous sommes saisis dans cette relation d’amour que nous ne percevons pas encore pleinement. Mais qui déjà travaille, se déploie en chacun de nous.
C’est déjà cet horizon que Jésus dévoile, révèle à cette foule à qui il s’adresse sur la montagne :
Heureux.
En marche… en chemin…
Ce sont les béatitudes de toutes celles et ceux qui se laissent guider par l’Esprit et entraîner dans le mystère pascal. Cet amour accueilli, donné, reçu, nous anime, travaille en nous.
De tout cela, je retiens une double invitation :
- Contempler l’œuvre de Dieu en celles et ceux innombrables qui nous ont précédés et qui vivent en lui. Contempler les saints, ceux que nous connaissons et ceux que nous ne connaissons pas, ceux de l’histoire, ceux de « la porte d’à côté ».
- Nous laisser habiter, animer, façonner par cet amour qui nous rejoint « Heureux êtes-vous si…Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »
Aujourd’hui cette grande fête nous ramène au cœur du lien que le Seigneur a voulu nouer avec chacun d’entre nous, et toute notre humanité et nous en révèle le déploiement.
« Bien-aimés,
voyez quel grand amour nous a donné le Père
pour que nous soyons appelés enfants de Dieu. »
Très belle fête à chacun.
+ François Fonlupt
Archevêque d’Avignon