Nous sommes à Nazareth, en ce moment où Jésus commence son ministère, en ce lieu même où il a vécu, ou il a grandi… Il se rend à la synagogue, lit le prophète Isaïe, le passage que nous avons entendu.
« L’Esprit du Seigneur est sur moi ».
Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux humbles, guérir, délivrer, libérer, consoler… proclamer une année de bienfaits. Revêtir un habit de fête.
Cette annonce, Jésus la prend à son compte ; il en proclame l’aujourd’hui.
Et nous pourrions feuilleter et relire les pages des évangiles pour vérifier la vérité de cette affirmation : il est bien l’envoyé de Dieu qui vient aujourd’hui manifester sa proximité à son peuple et apporter le salut attendu.
L’œuvre de Dieu s’accomplit ainsi tout au long de l’histoire de cet homme et va se déployer en plénitude dans le mystère de sa passion, de sa mort et de sa résurrection dont nous entrerons dans la mémoire dès ce soir.
Et cette œuvre est attendue, elle est à accueillir et à déployer dans l’aujourd’hui de la vie de notre terre.
Là où la paix est désespérément attendue.
Là où la solidarité entre les générations reste à construire, où le travail de chacun est à reconnaître et à être rémunéré à sa juste valeur.
Là où la violence semble l’emporter et manifester l’état préoccupant de notre tissu social.
La où la vie est en attente d’être accueillie, respectée, servie, parce qu’elle est fragile, parce qu’elle dépend de la présence, de l’attention de chacun, de la relation maintenue, de l’espérance signifiée.
Cette œuvre de Dieu, nous ne nous lassons pas de la contempler en Jésus. Elle est ce dont l’Eglise fait mémoire en célébrant le mystère pascal. Jusqu’au bout, jusqu’au dernier souffle, il va manifester le don de sa vie pour que la vie de Dieu nous rejoigne. En célébrant ces jours saints, il nous est donné de la mesurer, de la contempler, de nous laisser façonner par ce don pour en être renouvelé et en vivre nous aussi.
« L’Esprit du Seigneur est sur moi ». Il m’a consacré par l’onction.
Au cours de cette célébration si particulière, l’Eglise nous invite à bénir ces huiles, destinées à signifier la puissance de l’amour de Dieu et sa force,
Pour les catéchumènes, ces hommes et ces femmes qui ont découvert le Christ, ont été accueillis et ont marché avec des membres de nos communautés et se préparent à recevoir le baptême, la confirmation et l’eucharistie.
Pour les malades,
Le Saint Chrême pour les baptisés, les confirmés, les ministres ordonnés.
L’huile par laquelle le Seigneur prend soin de chacun de ses enfants et de son peuple.
Ces huiles sont un don et une force.
Dans l’accueil de la vie en Christ et de l’Esprit, dans la fragilité, la maladie et la dépendance, dans l’onction reçue pour devenir serviteur de ses frères, dans le ministère de diacre, de prêtre, d’évêque.
En célébrant ce jour le don de Dieu pour chacun de ses enfants et pour son Eglise, nous rendons grâce particulièrement pour ceux qui nous sont donnés comme ministres du Christ.
Les diacres : leur ministère est précieux dans le service des personnes, l’attention aux plus fragiles, l’ouverture à plus large. Il y a un besoin de relancer une réflexion sur leur mission et aussi sur l’appel à ce ministère.
Les prêtres : mes premiers collaborateurs. Ils servent nos communautés et leur rassemblement, ils rejoignent les personnes dans leur vie, leurs attentes, leurs fragilités, leurs souffrances, leurs blessures. Ils nous relient au Christ par l’annonce de la Parole et la célébration des sacrements. Sans eux, notre Eglise ne serait pas l’Eglise du Christ.
Nous avons en Avignon un presbyterium nombreux, riche de sa diversité ; sachons reconnaître et apprécier ce que chacun apporte à la vie de notre Eglise. Merci à chacun. Que chacun reçoive l’assurance non seulement de ma reconnaissance, mais aussi des membres de nos communautés.
Je ne veux pas oublier non plus les communautés religieuses, contemplatives, apostoliques, inscrites depuis longtemps dans la vie de notre Eglise, ou traçant des chemins nouveaux pour aujourd’hui. Offrant des lieux de présence, des espaces de recueillement et de prière, et aussi une proximité, une attention qui dit celle de notre Dieu. Et portant dans la discrétion et la prière la vie des uns et des autres, les souffrances, les attentes, les espérances et les joies de chacun. Je pense aussi aux vierges consacrées ; deux d’entre elles sont encore dans la joie de leur consécration : Catherine et Anne-Cécile.
Et puis je voudrais rejoindre chacun d’entre nous. Cette messe Chrismale est vraiment un rassemblement du peuple de Dieu. Vous, baptisés, vivant du Christ simplement, discrètement, et également investis dans tel ou tel aspect de la vie de nos communautés paroissiales. Je revois les visages des membres des conseils pastoraux rassemblés il y a quelques jours à Sainte-Garde, signifiant que nous sommes nombreux à porter la vitalité de nos communautés.
« L’Esprit du Seigneur est sur moi. » L’Esprit du Seigneur est sur chacun d’entre nous. Il nous envoie pour aujourd’hui continuer ce service de l’annonce de la Bonne Nouvelle, poursuivre ce combat de la vie et de son déploiement au cœur même des tensions de notre vie ensemble.
Au cœur de la semaine sainte, nous recevons déjà les fruits de la Pâque du Christ.
Sa vie donnée se déploie et chacun de nous. Ils nous rejoint dans la diversité de nos états de vie, nos situations, nos attentes, nos fragilités. Il nous aime.
« Il fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu et Père,
A lui la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles. »
+ François Fonlupt
Archevêque d’Avignon