« Resurgis, resurgis, mets-toi debout ! »
Voilà l’invitation reçue du prophète Isaïe au matin de ce jour.
« Éveille-toi, pour toi Dieu s’est fait homme » renchérit St Augustin.
Nous voilà rassemblés aujourd’hui pour accueillir cette nouvelle, étonnante, surprenante, d’une naissance, toujours source de joie, mais en ce jour, de la naissance d’un enfant qui vient de la part de Dieu nous annoncer le salut :
"Voici que je vous annonce une bonne nouvelle,
qui sera une grande joie pour tout le peuple :
Aujourd’hui, dans la ville de David,
vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur."
Cette bonne nouvelle vient rejoindre le peuple dans la nuit et les ténèbres.
Celles de son temps : occupation, pauvreté, inquiétude, mais également ténèbres d’aujourd’hui dont les hommes et les femmes ne cessent de voir se déployer les effets : dureté de notre monde, pauvreté, précarité, inquiétudes économiques, politiques, conflits. La détresse à Mayotte, en Ukraine, à Gaza, au Liban, en Israël, en tant d’autres lieux.
Au cœur des blessures de la terre, de nos vies, de nos relations, demeure une attente forte : une attente de lumière – de joie – de vie – de relation - de paix. Une attente de raisons profondes de nous réjouir.
Nous ne sommes pas faits pour demeurer dans l’ombre. Au cœur de la nuit et des ténèbres nous aspirons à la lumière.
Cela explique notre besoin de nous rassembler, de nous retrouver, de nous réjouir ensemble, de faire la fête.
Mais nous savons aussi qu’une fête qui n’est pas fondée dans une raison profonde peut entrainer des réveils désespérants.
Aujourd’hui, nous ne nous rassemblons pas simplement au cœur des fêtes de fin d’année, mais bien plutôt pour retrouver ce qui est à la source de cette fête. Pour accueillir ce qui peut fonder notre goût de vivre. Pour recevoir ce qui fonde notre Espérance.
Car oui, notre attente est rejointe, elle est non seulement rejointe, mais dépassée, débordée, comblée de manière surabondante.
Ce qui pour nous était simplement l’espoir nous rejoint en une formidable Espérance, cette surprise de Dieu que nous avons à recevoir.
Voilà la manière dont Dieu se fait proche.
Il a appelé le monde à l’existence et les hommes à la vie.
Il s’est choisi un peuple pour entrer en relation avec lui.
Il rejoint maintenant l’humanité pour nouer une relation avec elle.
« Le Verbe de Dieu vient habiter en l’homme pour habituer l’homme à recevoir Dieu. » (St Irénée)
La gloire de Dieu se dévoile dans le dénuement de la crèche.
Comment comprendre cela ?
La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. il s’est donné pour nous, pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.
Aujourd’hui nous accueillons cette nouvelle, nous vivons cet événement :
L’amour de Dieu vient nous rejoindre, combler nos vies, éclairer notre route.
C’est une bonne nouvelle, c’est une grande joie pour tout le peuple.
Voyez nos crèches de Provence… Dieu de vient pas à part dans un lieu caché et pour quelques-uns, il vient au milieu de la vie des hommes, de leurs activités, de leurs attentes, de leurs soucis.
Il se fait l’un de nous, pour que nous soyons avec Lui.
On n’avance pas chaque jour de la même manière si l’on est isolé ou si l’on se sait aimé.
Alors en ce jour, laissons-nous rejoindre. Profondément.
Il vient pour chacun cet enfant qui nous dit la proximité de Dieu et son attention à nos vies.
Laissons-nous rejoindre au point de ne pas pouvoir garder cette nouvelle pour nous, mais d’être entraînés à la partager.
Il dépend de chacun d’entre nous que la lumière de la nuit de Bethléem se répande dans nos contrées.
Soyons proches de nos frères.
Cette fête de Noël réveille en chacun nos désirs les plus profonds de Paix. Paix pour les pays en guerre, pour les familles déchirées par la souffrance, paix en nos cœurs tourmentés par l’inquiétude. Nous faire serviteurs de la Paix doit être le signe premier de notre foi et de son témoignage. Soyons, là où nous sommes, des serviteurs de la Paix.
Et sachons nous tenir dans l’Espérance.
C’est en cette nuit du 24 décembre que le Pape François a ouvert la porte Sainte de la Basilique Saint Pierre du Vatican marquant le début de l’année jubilaire que nous célébrons tous les 25 ans, joie pour le don qui nous est fait.
C’est ce dimanche 29 décembre que nous célébrerons l’ouverture du jubilé dans notre diocèse, et ensuite le 26 janvier, invités nous aussi à emprunter ensemble un chemin d’Espérance.
Tout au long de l’année nous serons appelés par cet horizon.
Mais déjà avec Noël, nous en célébrons la source :
"La grâce de Dieu s’est manifestée
pour le salut de tous les hommes.
Il s’est donné pour nous
pour faire de nous son peuple,
un peuple ardent à faire le bien."
+ François Fonlupt
Archevêque d’Avignon