Baptisés, fidèles du Christ,
Laïcs consacrés,
Religieuses et religieux,
Diacres et Prêtres
Frères et sœurs en Christ.
Il y a déjà quelques semaines, au cœur du temps pascal, Mgr Migliore, Nonce Apostolique en France, m’a fait part de la décision du Pape François de me nommer archevêque d’Avignon à la suite de Mgr Jean-Pierre Cattenoz qui a porté la charge votre diocèse pendant 18 années.
Cette nouvelle est venue me surprendre, m’interroger, m’effrayer quelque peu… Il en est ainsi face à un appel inattendu. Comme dans d’autres étapes déterminantes de ma vie, j’ai cherché à recevoir dans la confiance cet appel qui me dépasse. J’ai estimé qu’il n’y avait pas d’éléments qui auraient pu justifier que je me dérobe. J’ai donc répondu positivement. Depuis ce temps, en cette période si particulière de ‘réserve’, avant que la nouvelle puisse être officialisée, mon esprit et ma prière s’orientent vers vous que je vais rejoindre bientôt pour vous servir et servir avec vous notre Église et les hommes et les femmes qui vivent en ce département du Vaucluse.
Pour vous dire dans quelle attitude je vous rejoins, il me semble important de vous partager en quelques lignes d’où je viens.
Ordonné prêtre en 1979 pour le diocèse de Clermont, j’ai servi cette Église pendant 32 années à travers des missions variées que mon évêque a souhaité me confier. Cela m’a permis d’accompagner la vie des personnes, de soutenir l’animation des communautés, d’accueillir tout particulièrement les catéchumènes et les personnes revenant vers le Christ et son Église ; j’ai aussi été amené à rencontrer d’autres croyants et à réfléchir à l’enjeu du lien aux autres religions et à l’estime que nous sommes appelés à manifester aux croyants de diverses confessions.
J’ai été nommé évêque de Rodez par le Pape Benoît XVI et ordonné en la cathédrale de cette ville le 5 juin 2011. Appelé à la servir, c’est donc lié à cette belle Église du Rouergue, que j’ai appris peu à peu mon ministère d’évêque et ai pu le vivre au long de ces 10 années, en relation avec les prêtres, les diacres, les baptisés dont un nombre significatif donne un visage renouvelé aux communautés, les congrégations religieuses apostoliques et contemplatives. Dans le cadre de la Conférence des évêques de France, j’ai été membre pendant six années du Conseil permanent et préside actuellement le Conseil pour les mouvements et associations de fidèles.
Au cours de ces années, l’Église de Rodez a cherché à vivre, et à ouvrir des chemins nouveaux pour être plus justement, dans l’aujourd’hui, signe de la tendresse de Dieu auprès des personnes. Deux années de synode (2015-2017) nous ont permis de baliser ensemble ce chemin. Tout n’a pas été simple bien-sûr, mais ces années ont été passionnantes, nourries de la joie que le Seigneur promet à ceux qui le suivent. L’aventure de cette Église est belle et aussi délicate, dans les transformations qu’elle connaît, les déplacements qui sont à vivre, les chemins nouveaux à explorer. Cela aurait pu se poursuivre… ! J’ai un peu l’impression d’être invité à la laisser au milieu du gué ! Mais je sais qu’un autre pasteur lui sera envoyé pour continuer à accompagner son chemin.
Si je connais quelque peu Avignon et le Vaucluse pour y être passé en période estivale, je ne connais pas votre Église. Sauf, exception notable, l’Institut Notre-Dame de Vie fondé par un enfant de l’Aveyron, le Bienheureux Marie-Eugène de l’Enfant Jésus. Je ne sais de quelle manière, mais je suis certain qu’il accompagne cette étape.
Venant vers vous, j’ai donc tout à découvrir, de la vie des hommes et des femmes de cette terre, de la riche histoire de votre Église, de la variété des communautés, des étapes vécues ces dernières années, de son visage actuel. J’aurai à rencontrer et à apprendre à connaître les prêtres et les diacres que je sais nombreux, à faire connaissance avec les communautés religieuses, à découvrir la diversité de l’engagement des chrétiens et leur manière de témoigner de la proximité du Christ. Pour avoir rencontré Mgr Georges Pontier qui assure l’administration du diocèse en cette période, et échangé avec lui, je sais que vous êtes confrontés à des questions importantes, que des blessures vives peuvent marquer certains. Je sais également votre attente d’un élan et votre souhait de repartir vers un horizon renouvelé.
Je ne viens pas vers vous avec un programme arrêté. J’arrive plutôt les mains nues, souhaitant découvrir et recevoir ce que vous êtes et vivez pour l’accompagner et le servir. Je voudrais d’abord vous demander l’hospitalité, car j’ai besoin de percevoir ce que vous vivez du Christ. Tout appel à quitter est un déplacement, un décentrement de soi pour aller au pays de l’autre et reconnaître en lui le don de Dieu. Je voudrais me tenir dans cette attitude. Vous aurez aussi à m’accueillir et à me découvrir, dans mes capacités et mes richesses, comme dans mes limites et mes pauvretés. Nous aurons donc à vivre réciproquement ce mouvement d’ouverture. Je crois que le Seigneur saura permettre que du nouveau surgisse de cette rencontre. Je suis persuadé que nous saurons nous engager dans cette marche ensemble sur un chemin de synodalité, celui que le Pape François nous présente comme « le chemin que Dieu attend de l’Église du troisième millénaire ».
Déjà vous êtes présents, et chaque jour davantage, à mon attention et à ma prière. Je vais vous rejoindre bientôt… Un peu de temps est simplement nécessaire pour rendre grâce avec l’Église du Rouergue de ces années que le Seigneur nous a donné de vivre ensemble, et que ses membres m’envoient pour vous rejoindre.
J’ai commencé à écrire ces lignes le jour de la fête de la Visitation. Marie se rend en hâte dans la montagne de Judée pour rejoindre sa cousine Elisabeth dont elle sait qu’elle porte la vie. Cette rencontre si déterminante pour ces deux femmes, leur permettant mutuellement de reconnaître la Vie qui les habite : le Mystère qu’elles portent l’une et l’autre. C’est au cœur de cette rencontre que Marie laisse jaillir le chant de son Magnificat. Le Seigneur ne cesse de promettre des merveilles à ceux et celles à qui il donne de se rejoindre.
Désormais, « vous êtes une lettre du Christ confiée à notre ministère ». 2 Co 3,3
Je vous dis à très bientôt, pour la joie de cette rencontre. Je vous demande avec instance de prier pour moi. Qui pourrait s’estimer digne d’une telle mission ?
Que le Seigneur vous bénisse et vous comble de sa Paix.
Le 11 juin 2021
Solennité du Sacré-Cœur de Jésus
+ François Fonlupt
Archevêque nommé d’Avignon