Tout au long de la semaine nous avons fait mémoire de la mort de Jésus, de son ensevelissement, sa mise au tombeau, et nous nous sommes laissés rejoindre par l’annonce de la Résurrection et la lumière de Pâques.
Et puis, au matin de ce lundi, pour nous tous comme pour le monde entier, il y a eu cette annonce brutale, même si elle n’était pas totalement inattendue : le Pape François est mort.
Après avoir célébré la Pâque, après avoir béni la foule assemblée place Saint Pierre,
après avoir traversé encore une fois cette même foule, voilà qu’au petit matin il s’en va, remettant son souffle, au terme d’une tâche jusqu’au bout engagée, livrée, accomplie.
Nous ne pouvons aujourd’hui, méditer sur la vie, le ministère, la charge pastorale de l’évêque de Rome et son service de la communion entre toutes les églises, la manière dont il l’a accomplie jusqu’à son terme, sans la situer au cœur de ces jours que l’Église célèbre, faisant mémoire de la vie, de la mort, de la résurrection de son Seigneur.
Nous l’avons entendu dans l’Évangile, les disciples sont rassemblés toutes portes closes, paralysés par la crainte.
Les voilà rejoints par le Vivant. La Paix soit avec vous – Joie – Envoi - Don de l’Esprit… Nous avons vu le Seigneur.
Ils deviennent ainsi témoins d’une expérience qui se renouvelle et se partage.
Cette expérience de la rencontre avec le ressuscité, ce mouvement qu’elle entraîne, nous invite à revenir sur le parcours, le mouvement de la vie du Pape François, et nous savons qu’elle va venir l’éclairer.
« Miserando atque aligando ». C’est la devise du Pape François.
Il le regarda avec un sentiment d’amour et le choisit : il lui dit suis moi.
Il avait alors 17 ou 18 ans. Regardé. Relevé. Enveloppé de joie. Comblé de l’Esprit. Témoin.
Le soir de son élection.
« Et maintenant commençons le chemin ».
Ce chemin, il nous a invités à le parcourir ensemble, nous appelant à sortir, à rejoindre les périphéries, à être attentifs à la maison commune, à chercher des chemins de fraternité, à interpeller sans cesse pour la paix.
Il nous a adressé cette invitation par des paroles, par des gestes, par des rencontres, ne cessant de sortir, d’inviter à rejoindre, de faire résonner une bonne nouvelle qui est ‘pour tous, pour tous, pour tous.’
Cela sans relâche, sans pause, tout au long de ces douze années.
Il s’est fait serviteur de la Paix, la paix reçue, la paix qui nous vient du ressuscité, cette paix accueillie, partagée, communiquée.
A la suite de Marie Madeleine et des femmes, des disciples, il a témoigné de ce que le Seigneur accomplissait dans la vie, dans nos communautés.
Rendons grâce pour François, pour ce serviteur venu du bout du monde, serviteur de l’Église et des hommes.
A la manière du voyant de l’Apocalypse, partageant la détresse des hommes et de notre monde, il s’est fait le témoin et l’apôtre de la Joie de l’Évangile.
Dans sa dernière encyclique ‘dilexit nos’ il nous permet de comprendre que le contenu des encycliques sociales ’Laudato si’ et ‘Fratelli tutti’ n’est pas étranger à notre rencontre avec l’amour de Jésus-Christ. En nous abreuvant de cet amour, nous devenons capables de tisser des liens fraternels, de reconnaître la dignité de tout être humain et de prendre soin ensemble de notre maison commune.
Le temps qui vient va nous donner de mieux percevoir le trésor de l’Évangile qu’il nous a particulièrement partagé.
Aujourd’hui, gardons en mémoire ces appels sans cesse renouvelés depuis ‘la joie de l’Évangile’ : l’enthousiasme missionnaire, la joie de l’Évangile, l’Espérance, la communauté, l’Évangile, l’idéal de l’amour fraternel, la force missionnaire.
Rendons grâce aujourd’hui, avec toute l’Église mais aussi avec beaucoup d’hommes et de femmes de notre humanité ; rendons grâce pour la vie e le ministère de ce pasteur.
Qu’il lui donné d’accueillir aujourd’hui la vérité de cette Parole :
"Je suis le premier et le dernier,
Le Vivant,
J’étais mort et me voilà vivant pour les siècles."
+ François Fonlupt
Archevêque d’Avignon