La ville d’Orange est dans la joie.
En ce jour, après de longues années de restauration et 18 mois de travaux importants et donc de fermeture, elle est de nouveau ouverte, accessible à tout personne, remise à disposition du culte catholique par la municipalité qui en est le propriétaire.
Ce que nous retrouvons et découvrons émerveillés est le fruit d’un travail impressionnant d’artisans nombreux, maçons, verriers, peintres, ébénistes, mosaïstes qui ont déployé tous leurs talents, tout leur art, au service de ce lieu, pour en retrouver toute la richesse en ses différentes périodes. « Partout où l’œil se pose il se repose » aime à dire le père Michel Berger, curé d’Orange. Merci à eux, merci à chacun d’entre vous. Je suppose que nombreux sont parmi nous et il importe que nous leur signifions toute notre reconnaissance.
Merci à vous Monsieur le Maire et à votre équipe municipale. Merci à tous ceux qui ont accompagné avec vous ce chantier. Vous avez porté la conduite de ces travaux et les avez menés jusqu’au bout. Et ce n’est pas rien de permettre à un tel chantier d’aller jusqu’à son terme, et de quelle manière.
Merci au père Michel Berger et aux prêtres de la paroisse. Il s’est je crois beaucoup donné avec nombre de chrétiens investis pour accompagner à leur place ce chantier, en favoriser les différentes étapes et permettre aux paroissiens d’en suivre les évolutions.
Merci à tous ceux qui ont donné vie à ce lieu et qui l’ont servi. Ceux qui ont été curé ici, qui ont pu nous rejoindre aujourd’hui et particulièrement parmi eux Monseigneur Bernard Ginoux, désormais évêque émérite de Montauban et notre voisin.
L’Église de Dieu est présente à Orange depuis bien des générations.
Une première église a été construite par le prêtre Faustinus au début du IVe siècle.
Une église est consacrée le 8 novembre 441, à l’occasion du 1er concile d’Orange, sous l’épiscopat de Justus, prédécesseur de Saint Eutrope (464 - 475).
Saint Eutrope n’a pas été un bâtisseur de monument. Sa vie écrite relate plutôt comment il s’est appliqué à construire et à servir la communauté dans une période difficile.
Et depuis ce lieu n’a pas cessé d’exister et de rassembler croyants et chercheurs de Dieu.
L’ancienne cathédrale dont les portes se sont rouvertes en ce samedi 11 novembre 2023 a été construite à la fin du XIIe siècle et a été consacrée en 1208.
Cette église est une
Maison au milieu de nos maisons.
Maison des hommes.
Maison de Dieu.
Maison des hommes qui se tournent vers Dieu.
Maison de Dieu qui vient faire sa demeure au milieu des hommes.
Maison de lien entre Dieu et les hommes,
Entre les hommes et Dieu,
Entre les hommes entre eux.
Maison de la Paix.
Paix à accueillir, à recevoir,
Paix à partager
Paix à construire et à garder. Nous le mesurons particulièrement avec gravité en ce jour du 11 novembre et en ces temps où la paix demeure si difficile à servir.
Cette maison est le lieu où beaucoup peuvent passer, découvrir, contempler, s’arrêter quelques instants, prier.
Elle est et elle doit demeurer une maison ouverte à tous, et il importe pour cela que l’accueil soit signifié, voulu et favorisé.
Elle est un lieu où beaucoup marquent et célèbrent des étapes importantes de leur existence ou de celle de leurs proches. Baptêmes, mariages, sépultures, mais aussi célébrations diverses, rassemblant des enfants, des jeunes, des adultes.
Elle est le lieu où la communauté se rassemble régulièrement pour, comme nous le faisons aujourd’hui, accueillir la Parole et célébrer l’Eucharistie, faire mémoire de la vie donnée, de la mort et de la résurrection de Jésus le Christ notre Sauveur.
Nous venons d’accueillir cette Parole et particulièrement cette si belle page de l’Évangile, propre à Saint Luc qui nous parle de la rencontre improbable de cet homme, Zachée, collecteur d’impôts et pour cela rejeté de son peuple, et Jésus qui lui exprime son désir de demeurer chez lui.
Cet homme cherchait à voir Jésus. Il en a entendu parler. Il pressent peut-être que le rencontrer peut changer quelque chose pour lui et en lui.
Bien des choses en lui peuvent pourtant empêcher cette rencontre : sa petite taille, sa richesse qui l’enferme.
Et voilà que le regard de Jésus le rejoint et lui adresse cette invitation à venir demeurer dans sa maison.
Et sa vie avec d’autres va en être transformée.
En chacun de nous, bien des choses peuvent empêcher la rencontre, ce qui nous enferme, ce qui nous fragilise, nos pauvretés. Et voilà que résonne cette invitation qui est vraiment pour tous : « Aujourd’hui, je veux demeurer chez toi. »
Le lieu où nous nous trouvons est comme le signe de l’actualité permanente de cette parole, de cette invitation adressée, de cet appel à la confiance adressé à quiconque : « aujourd’hui, je veux demeurer chez toi. » Votre Église cathédrale est ce lieu où la présence de Dieu nous est signifiée, où il vient demeurer au milieu de nous. Ce cadeau est offert à chacun. Il nous appartient de l’accueillir et de le servir.
Il importe d’entendre que cette invitation est pour tous et qu’il dépend de nous de lui donner écho ainsi.
« Les étrangers qui sont attachés au Seigneur, je les conduirai à ma montagne sainte, je les comblerai de joie dans ma maison de prière. Et ma maison s’appellera Maison de prière pour tous les peuples. » nous dit Dieu par la voix de son prophète.
C’est pour cela que cette maison doit être ouverte signifiant que Dieu adresse à tous cette invitation.
C’est pour cela que nos cœurs et nos attitudes doivent demeurer ouvertes à l’appel de nos frères.
Cette maison est le lieu où se rassemble de manière habituelle la communauté des croyants de cette ville.
Communauté qui se reçoit de la Parole.
Qui est nourrie du pain de l’Eucharistie,
Qui est constituée comme une communauté de frères.
Qui est envoyée pour se tourner vers d’autres, les accueillir et les servir.
« Vous n’êtes plus des étrangers » nous dit l’apôtre.
« Vous êtes concitoyens des saints, membres de la famille de Dieu.
Dans le Christ la construction s’élève pour devenir un temple saint dans le Seigneur. »
Rendons grâce en ce jour pour ce lieu qui retrouve toute sa splendeur.
Qu’il nous soit donné d’y chanter de manière toujours renouvelée la gloire de Dieu,
D’y recevoir l’écho de sa Parole et d’être envoyés disciples-missionnaires, frères et amis de tous.
+ François Fonlupt
Archevêque d’Avignon