Noël, au cœur de la nuit et de l’hiver rassemble à la fois nos aspirations et réveille nos craintes. C’est le temps où l’on rêve d’un espace de relations réconciliées et de liens fraternels, le moment où l’on espère la fragilité reconnue et accompagnée, où la force devienne un appui.
Les craintes d’une parenthèse vite dissipée accentuent les souffrances profondes de nos vies. Relations abîmées, familles fragilisées, pauvreté, immigration. Érosion de la confiance. Situation d’urgence extrême pour la planète. Crainte d’une escalade incontrôlable.
Sur notre terre des enfants meurent, des mères désespèrent, la violence des hommes arrache la vie ou la blesse inexorablement.
Nous sommes témoins de tout cela, en ayant bien peu la force ou les moyens de réagir.
Dans la nuit de Noël nous ouvrirons le livre du prophète Isaïe et lirons les pages où il est question « du peuple qui marchait dans les ténèbres. »
Ces ténèbres, - est-ce un effet d’amplification ou est-ce bien réel - n’ont depuis longtemps jamais parues aussi épaisses.
Quelque chose pourrait les dissiper ? Quelqu’un pourrait-il les alléger ?
Bien sûr il peut y avoir l’espace de la fête. Avec tout le précieux des rencontres, des partages, des dons, des échanges. Mais cela est si fugace et si fragile au cœur de la tourmente.
Comment la fête pourrait-elle déborder toutes ces fragilités si elle n’est pas animée par un élan puissant et profond ?
Nous célébrons Noël… C’est la mémoire vive d’un événement qui vient renverser le cours de l’histoire de notre Humanité.
Un enfant nait. La vie surgit… attendue, accueillie, reçue…
Et sa présence semble plus forte que toutes les oppressions.
On proclame son nom.
Conseiller merveilleux, Dieu fort, Père à jamais, prince de la paix.
Nous savons combien la vie accueillie en un enfant peut réveiller, relever, redonner souffle et espérance. L’accueil de cet enfant ne change rien en apparence mais vient renouveler la terre, transformer nos cœurs de pierre en cœurs de chair.
Je voudrais souhaiter pour nous tous, et à chacun en particulier, un Noël qui puisse ouvrir à nos vies un horizon de paix, de renouveau, d’espérance et de fraternité.
Pussions-nous, chacun à notre façon, accueillir à Noël la lumière qui se reflète dans le regard étonné d’un enfant. Nous saurons alors travailler à déployer cette paix offerte.
+François Fonlupt
Archevêque d’Avignon